Comment le poker m'a appris à mieux vivre
Les tournois de poker m'ont appris à mieux vivre.
Au début d'un tournoi, chaque participant reçoit "une vie" sous la forme de jetons.
Tout le monde reçoit la même quantité de jetons.
Mais il y a des différences de niveaux selon votre expérience et vos compétences à jeu.
C'est équitable mais pas égalitaire (comme la vie humaine qui dépend aussi d'un contexte social, économique, culturel...).
Le tournoi commence.
Nous recevons des cartes.
Nous avons aucun contrôle sur la qualité de ces cartes.
Mais nous avons un contrôle total sur ce que nous en faisons.
Pendant le tournoi, je suis maître de mes décisions, mes émotions, mes pensées.
Les heures passent, le tournoi avance.
Il y a des participants qui se font éliminer, ils ont perdu tous leurs jetons (et donc "leur vie").
Certains étaient de parfaits inconnus, d'autres des amis.
Mais étant entouré d'autres joueurs encore vivant, nos biais et notre nature tournée vers la survie nous poussent à continuer.
Pas le choix, il faut avancer.
Malgré les pertes, malgré les hauts et les bas.
Et dans un tournoi de poker, on en vit beaucoup.
Nos jetons fluctuent tels le cours du bitcoin.
Parfois on se sent invincible et d'autres fois vulnérables, voir à l'agonie.
Mais il y a un paradoxe intéressant.
Plus le tournoi avance, moins il y a de joueurs (car les éliminations se succèdent jusqu'à qu'il ne reste qu'un joueur restant), plus on se sent "immortel".
Après tout, si je suis encore vivant après tout ce temps.
Si malgré les jetons qui s'échangent, les cartes distribuées, les hauts et les bas, je suis toujours vivant.
Pourquoi cela changerait n'est-ce pas ?
Mais la réalité me rattrape.
Je prends un coup dur qui me fait perdre 80% de mes jetons (dans la vie cela peut être une maladie impossible à prévoir).
Je suis à l'agonie.
10 minutes, je jette mes dernières forces dans la bataille.
Je perds.
Je suis éliminé.
Je viens de vivre une petite mort.
Mon sentiment d'immortalité n'était qu'une illusion.
Le poker me l'a enseigné bien avant que la philosophie stoïcienne ne prenne le relais.
Et alors, que retenir de cette métaphore poker ?
Vous et moi allons quitter le tournoi de la vie humaine un jour.
Il y a de fortes chances que cet événement arrive "trop tôt" de notre perception, que ce soit à 30 ou 90 ans.
Les stoïciens nous invitent à garder la mort à distance raisonnable avec leur fameux "Memento mori" (souviens-toi que tu vas mourir).
Nous ne sommes pas immortels mais nous avons la possibilité de faire de chaque jour une opportunité.
Celui qui sait vivre une journée pleine aura déjà goûté au sentiment d'éternité.
Vivons ce qui doit vécu.
Disons ce qui doit être partagé.
Faisons ce qui doit être fait.
Aujourd'hui.
Et nous limiterons les regrets au moment où le croupier nous indiquera de quitter la table du jeu de la vie.