Le second cerveau de JCK

Les deux montagnes de l’entrepreneuriat

J’ai lu en janvier, l’excellent livre La deuxième montagne de David Brooks que je vous recommande fortement.

L’auteur utilise la métaphore des deux montagnes pour distinguer les deux phases de la vie qu’il a observée dans ses recherches et sa vie personnelle :

une première correspondant à la recherche du succès extérieur et individuel

une deuxième qui commence après une prise de conscience de la futilité de certaines quêtes et qui nous amène à privilégier d’autres chemins plus internes et partagées pour arriver à un épanouissement, bonheur et à une joie morale plus durable.

Puisque le thème du jour est celui du bien-être et des entrepreneurs, j’ai envie de réutiliser cette métaphore en l’adaptant à l’entrepreneuriat.

Cela tombe bien car je constate ce phénomène de plus en plus chez mes clients en coaching.

S’il y avait deux montagnes dans l’entrepreneuriat, elle se définirait ainsi selon moi.

La première est celle où l’on quitte une situation qui ne nous convient pas ou plus : des études, un emploi, un contexte familial...

L’objectif est de tout faire pour quitter cette situation, la mettre loin de soi pour ne plus jamais avoir à la revivre.

On cherche à se créer une nouvelle condition, une nouvelle identité, un autre mode de vie.

Dans cette phase, on puise souvent notre motivation dans l’envie de prouver quelque chose, chose que ce soit à soi-même et/ou aux autres.

On se bat contre des ennemis visibles et invisibles. Notre énergie et notre motivation se puisent dans des choses extérieures à nous.

Puis un jour, on “réussit”, on atteint le sommet de la première montagne : cela peut être le fait de pouvoir vivre confortablement en tant que free-lance, avoir une entreprise qui fait 1 million de CA ou encore pouvoir se rémunérer trois fois plus que son ancien salaire. Ce critère est personnel.

Le point commun, c’est que maintenant, on a vaincu notre ennemi imaginaire, celui qui nous a poussés à tout donner pour grimper la montagne.

Mais le lendemain matin, on se réveille et on ne sent plus cette énergie qui était en nous pendant plusieurs années.

On ne comprend pas ce qu’il se passe, ce qui avait du sens n’en a plus ou beaucoup moins.

C’est la phase de la vallée, durant laquelle on prend conscience qu’il va falloir retrouver une nouvelle motivation, recréer du sens à ce que l’on fait du quotidien.

Il n’est plus question de “survie” mais de “vie”.

On se pose des questions sur la mission de son entreprise, sur l’utilité de ce que l’on fait, sur la manière dont on fait son travail, sur la définition de son identité d’entrepreneur mais aussi d’homme ou de femme.

C’est la vraie montagne de l’entrepreneuriat pour moi, celle où l’on est libre mais comme le disait bien Sartre, cette liberté peut faire peur, c’est à nous de lui (re)donner un sens.

C’est quelque chose auquel sont confrontés tous les entrepreneurs qui “réussissent” un jour.

Elle est moins traitée que la première montagne car plus subtile, complexe.

De mon côté, j’essaye de profiter de cette seconde montagne de l’entrepreneuriat en définissant mes propres règles du succès, en acceptant de vouloir aller à contre-courant de la culture entrepreneuriale dominante, en essayant de développer une identité qui me pousse à affronter des croyances limitantes sur moi-même et cherchant des activités, des questions, des problèmes avec lesquels je souhaite passer des années, des décennies non pas au sommet de la montagne mais quelque part sur son flanc.

#entrepreneuriat #livres